Le Sabai Sabai : Histoire d’un désastre prévisible

Il y a 2 ans, j’avais recensé les différents restaurants dignes d’intérêt de la soi Bo Fai. Parmi eux, le Sabai Sabai, restaurant qui n’a jamais pris et qui est fermé aujourd’hui. J’avais prédit cette fermeture à l’époque et il me semble important d’en comprendre les raisons.

On trouve 2 types de restaurants dans la soi Bo Fai :

  • Ceux qui sont tenus par des thaïlandais
  • Ceux qui le sont par des couples mixtes : lui occidental, elle thaïlandaise

Le restaurant thaïlandais est généralement tenu par une famille thaï et propose un panel de plats traditionnels plus ou moins grand, selon leur savoir faire et la demande. On y retrouve toujours les grandes classiques comme le Khao pad (riz sauté), pad thai (nouilles sautées), poulet au basilic (grapao gai), etc… L’ambiance y est généralement bon enfant, la cuisinière excelle dans la réalisation de plats qu’elle maîtrise parfaitement et les prix sont très raisonnables. Ces restaurants s’adressent à une clientèle thaï et farang et, si les thaï y sont présents, vous pouvez y aller sans crainte, les plats seront authentiques pour le plus grand plaisir de vos papilles.

Le restaurant tenu par un couple mixte est bâti sur un autre modèle économique. Elle, thaïlandaise, sait cuisiner les grandes classiques de la cuisine thaï, lui apportera la connaissance de la cuisine de son pays. La clientèle visée est celle des farangs, mariés ou non à une thaïlandaise. Ils viendront y chercher de quoi soigner la nostalgie culinaire du pays…

Par contre, pour ces 2 catégories de restaurant,  la tentation est grande d’occidentaliser les plats pour les adapter à la clientèle farang. Le plat thaï deviendra vite insipide et n’aura plus qu’un lointain rapport avec la recette d’origine. C’est ce qui arrive au restaurant « chez Nice » : le grapao gai, poulet sauté au basilic, se trouve agrémenté d’une sauce ketchup. Ca fera peut être plaisir au touriste de passage mais fera fuir la clientèle amateur de cuisine thaï authentique.

Pour en revenir au Sabai-Sabai, il faut comprendre qu’il n’appartenait à aucune des 2 catégories que nous venons de passer en revue. Le Sabai-Sabai a été créé sur un modèle économique différent :

  • Il est monté par un (des ?) investisseur
  • On cible la clientèle farang : il est bien connu que le farang est la vache à lait du commerce local.
  • Conséquence : on pratique des prix haut de gamme : le farang a de l’argent, autant le faire payer un maximum.
  • On propose une cuisine très occidentalisée où la recette thaï authentique est fortement dénaturée.
  • Les portions sont minimalistes, il n’y a pas de petits profils…
  • On propose ce cocktail dans un cadre sympa, comme pour mieux faire passer la pilule.
  • On utilise un personnel non qualifié, ça revient moins cher

Si séduisant soit-il, enfin pour les investisseurs, ce modèle n’a jamais vraiment fonctionné : les clients piégés une fois ne sont jamais revenus, le bouche à oreille à fonctionné, les tables se sont vidées et le restaurant à fermé. La soi Bo Fai a suffisamment de petites cantines authentiques, où les cuisinières préparent une cuisine de cœur, pour éviter l’émergence de telles pompes à fric.

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